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Le bloc-notes : Plaît-il ? Dernière chronique des JO

“Il faut toujours dire ce que l’on voit. Surtout il faut toujours, ce qui est plus difficile, voir ce que l’on voit.”
Charles Péguy – Notre jeunesse (1910)


Concours de dressage en équitation

Le cavalier et sa monture doivent respecter à la lettre des codes multiséculaires.



Au moment où s’ouvrent les Jeux paralympiques et que la vasque du jardin des Tuileries, qui n'est pas sans rappeler le Buisson ardent de la Bible, va de nouveau illuminer le ciel de Paris, revenons sur la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques.

 

« Briser les codes », tel était l’objectif affiché sur le site de Paris 2024, plus précisément « casser les codes de la compétition et les codes traditionnels ». Cette expression a été reprise par l’ensemble des commentateurs, médias et politiques.

 

Surprenant objectif s’il en est. Les Jeux olympiques sont-ils le lieu et le moment pour détruire, en particulier les règles ?

 

Un code est un recueil de lois. Le dictionnaire de l’Académie française en donne la définition et les exemples suivants : « Ensemble de règles, d’usages qu’il convient d’observer, qui tendent à faire loi. Code de l’honneur. Code des bonnes manières, de bonne conduite, du bon usage ».

 

Je suis loin d’avoir tout vu de ces Jeux. Cependant, ce qui m’a frappé, c’est que les athlètes, quel que soit leur sport, leur culture, leur âge, se conforment à des règles de courtoisie entre eux. Ils se saluent, avant, après, entre adversaires, vainqueurs, vaincus, ils se donnent l’accolade, individuellement, en équipe. Sans oublier la poignée de main, qui a malheureusement déserté l’Assemblée nationale depuis peu !

 

À quoi servent les arbitres, si ce n’est au respect des règles ? Ne parle-t-on pas de disciplines sportives ? Tous ces athlètes ont dû s’imposer un entraînement méthodique, rigoureux, pendant de nombreuses années. Durant ces Jeux, a-t-on attribué une seule médaille à un athlète dont l’objectif était de « casser les codes de la compétition » ? Près d’un tiers des médaillés français appartiennent au ministère des Armées. Ont-ils été formés à « casser les codes traditionnels » ?

 

Les chefs d’État présents à la cérémonie d’ouverture ont-ils brisé les codes de la bienséance ? Le roi d’Espagne, dont le trône fut celui des Habsbourg, famille de Marie-Antoinette, et qui descend en ligne directe de Louis XIV, a-t-il agi autrement que la reine Élisabeth II, avec son célèbre : « Never complain, never explain », en voyant la reine de France décapitée ?

 

Le président du CIO est-il sorti de sa réserve après avoir assisté, à une semaine de distance, à la messe d’ouverture des JO, une messe consistant pour le prêtre à refaire les gestes de Jésus lors de son dernier repas, ce que l’on appelle la Cène, puis à cette même Cène transformée en bacchanale, transposition vulgaire du Bacchus du Caravage ? Comme à l’accoutumée, M. Mélenchon n’hésita pas à briser ce silence poli pour déclarer : « À quoi bon risquer de blesser les croyants ? Même quand on est anticlérical ! Nous parlions au monde ce soir-là. Dans le milliard de chrétiens du monde, combien de braves et honnêtes personnes à qui la foi donne de l’aide pour vivre et savoir participer à la vie de tous, sans gêner personne ? ».

 

« Briser les codes ».  L’inanité de ce slogan infantile ne doit pas faire oublier que tout cela est largement financé sur des fonds publics. Les contribuables seront-ils incités à « briser les codes » du civisme dans la prochaine loi de finances ?

 

Brisons là ! J’ai eu l’occasion, dans mes précédents blocs-notes, d’exprimer mon enthousiasme pour ces Jeux. Reconnaissons seulement qu’il y eut quelques fautes de goût dans cette cérémonie d’ouverture. Toujours dans le dictionnaire de l’Académie française, le goût y est défini, dans la première édition de 1694, comme « le discernement, la finesse du jugement ». Difficile de trouver du discernement et de la finesse du jugement dans le choix du chant révolutionnaire « Ah ! ça ira, ça ira, ça ira ! Les aristocrates, on les pendra » pour inaugurer des Jeux qui doivent beaucoup au baron de Coubertin !

 

M. de Fraguier

 

C’est la fin de cette chronique estivale, olympique, hebdomadaire, que vous pouvez retrouver dans son intégralité sur histoire-en-cours.com

Le bloc-notes redevient mensuel. À bientôt !

 

 

Les jeux de l’été

 

Réponse à la question de la semaine dernière : Diplomatie (à ne pas confondre avec le livre du grand diplomate américain Henry Kissinger mort centenaire l’année dernière).

 

Les jeux de l’été prennent fin et vous souhaitent une bonne rentrée.

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