Le Bloc-notes : Premier mai, fête de saint Joseph artisan
- M.de_Fraguier
- il y a 16 heures
- 3 min de lecture
Dernière mise à jour : il y a 10 minutes
“Il faut toujours dire ce que l’on voit. Surtout il faut toujours, ce qui est plus difficile, voir ce que l’on voit.”
Charles Péguy – Notre jeunesse (1910)

Saint Joseph charpentier, Georges de La Tour (XVIIe s.)
L’Église catholique fête saint Joseph deux fois par an.
Le 19 mars, c'est l’époux et le père de famille que l’on célèbre. Lorsque j’y enseignais, les élèves de Saint-Joseph d’Aubervilliers étaient invités à se mettre sur leur trente-et-un, faisant de cette date importante pour leur collège un jour où l’élégance et la courtoisie étaient à l’honneur.
Le 1er mai, c'est l’artisan que l’on célèbre, celui qui travaille de ses mains. En France, et dans la plupart des pays voisins, c’est la fête du Travail qui est un jour férié. Joseph exerçait le métier de charpentier, c’est-à-dire qu’il travaillait le bois, en particulier la charpente qui soutient la toiture.
Mais que sait-on de lui ? En réalité, très peu de chose. Les Évangiles ne nous en disent pratiquement rien et ne nous ont transmis aucune parole de lui.
Joseph est l’époux de Marie. C’est quelqu’un de discret et d’humble. Il est présent lorsque les bergers viennent, les premiers, voir Jésus à sa naissance : « Ils découvrirent Marie et Joseph avec le nouveau-né couché dans la mangeoire » (Évangile de saint Luc). En revanche, il est absent lors de la venue des mages : « Ils entrèrent dans la maison, ils virent l’enfant avec Marie sa mère » (Évangile de saint Matthieu).

Saint Joseph et l’Enfant Jésus, Guido Reni (XVIIe s.)
Il ne devait surement pas être un vieillard comme le représentent beaucoup de peintres, confondant âge et sagesse ! Avec Marie, il devait former un jeune ménage bien intégré dans la société du Proche-Orient, il y a deux millénaires.
Chaque fois que Dieu s’adresse à Joseph, c’est lors de son sommeil. Prévenu en songe, il prend la mère et l’enfant pour fuir en Égypte la folie meurtrière du roi Hérode. Après la mort du tyran, il s’installe avec Marie et Jésus à Nazareth en Galilée, où il exerce le métier d’artisan charpentier. Comme le veut la tradition chez les Juifs, il ira avec Marie présenter Jésus enfant au Temple de Jérusalem où ils se rendront par la suite pour la fête de Pessah, la Pâque juive.
C’est tout ce que nous révèlent les Écritures.
Mais, cela est suffisant pour affirmer que Joseph a vécu en bon père de famille. L’expression “gérer en bon père de famille” a été récemment supprimée en droit français. Elle a pourtant toujours signifié : agir avec prudence, transmettre ce que l’on avait soi-même reçu (on parle d’un “placement de père de famille”). On écrivait aussi qu’un locataire devait “occuper ses locaux en bon père de famille”, c’est-à-dire les rendre en bon état au propriétaire en fin de bail. Jésus a dû être élevé par Joseph dans le souci de la transmission ainsi que du respect des biens des autres. Un Joseph qui ne devait pas manquer de bienveillance. Le psaume 102 chante « la tendresse du père pour ses fils ».
Un père de famille, c’est celui qui protège, qui éduque. Le Jésus historique est un enfant comme les autres qui, après la sécurité du ventre de sa mère Marie, va apprendre à affronter les difficultés de la vie auprès de Joseph. C’est pour cela que les Évangiles n’en disent pas plus. Jésus a eu l’enfance de la plupart des enfants, comme l’écrit saint Luc : « Quant à Jésus, il grandissait en sagesse, en taille et en grâce, devant Dieu et devant les hommes. ».

La Sainte Famille, Murillo (XVIIe s.)
Jésus a appris auprès de Joseph le métier de charpentier, comme nous le montre la peinture de Georges de La Tour. Devenu adulte, ceux qui l’écoutent sont étonnés par sa connaissance de la parole de Dieu, lui qui est : « fils de charpentier » (Évangile de saint Mathieu) et ils s’exclament : « N’est-il pas le charpentier, le fils de Marie ? » (Évangile de saint Marc). À partir de ce moment, Joseph n’apparait plus dans les Évangiles. Il a accompli, comme tous les pères, sa mission qui était de préparer Jésus à devenir adulte, pour que celui-ci accomplisse, lui aussi, la mission que lui a confiée Dieu.
Lors des conférences de carême à Notre-Dame en 2018, le philosophe Fabrice Hadjadj posa la question : « Pourquoi Dieu fait homme s’est-il fait charpentier ? » Il rappela que « nous sommes marqués par un préjugé qui avait cours chez les Grecs durant leur glorieuse époque de démocratie et d’esclavage : le travail manuel est servile ». Ce qui fait l’originalité du christianisme, c’est de croire en un Dieu qui s’est fait homme et qui a exercé pendant une vingtaine d’années un métier manuel avant d’enseigner.
Bonne fête à tous ceux qui travaillent de leurs mains !
M. de Fraguier
Opmerkingen