« Le monde se revêtait d’un blanc manteau d’églises. »

Ancienne abbaye de Fontenay en Bourgogne

Après la christianisation des cités à la fin de l’Empire romain suit celle des campagnes dans le royaume des Francs qui occupe l’ancienne Gaule romaine.

Les religieux, qui forment le premier ordre de la société, se regroupent en communautés autour de l’évêque et de sa cathédrale, ou à l’extérieur des villes au sein d’abbayes.

La multiplication de ces édifices en pierre ainsi que des églises dans les villages font dire à un moine du Moyen-Âge que « le monde se revêtait d’un blanc manteau d’églises ».

C’est sous la dynastie des Mérovingiens (V^e – VIII^e siècle) qu’apparaissent les premières abbayes à Sens, comme Saint-Pierre-le-Vif et Sainte-Colombe aujourd’hui disparues.

L'abbaye royale de Saint-Pierre-le-Vif 

Fondée au milieu du VI^e siècle sur l’ancienne voie romaine qui mène Troyes.

Le mot “vif” signifie vieux, ce qui permet de différencier l’église abbatiale d’une autre église Saint-Pierre située dans Sens.

Une quarantaine d’évêques ont été enterrés dans l’abbaye.

L'abbaye royale de Sainte-Colombe

Fondée au VII^e siècle à Saint-Denis-lès-Sens, l’abbaye garde les reliques de sainte Colombe, morte martyre à Sens au III^e siècle.

Le martyre de sainte Colombe

L’abbaye sera endommagée à plusieurs reprises. En 732 lors de la tentative des armées musulmanes venant d’Espagne de prendre Sens. Au IX^e siècle lors des raids normands et au X^e siècle lors des raids hongrois.

Au XII^e siècle, le pape Alexandre III y réside pendant deux ans.

Vocabulaire :

Christianisation, christianiser

Convertir à la religion chrétienne

Dynastie

Famille royale. Les dynasties mérovingienne, carolingienne, capétienne.

Abbaye, monastère, couvent

Lieux où vivent et travaillent des communautés de religieux (hommes ou femmes).

Cloître

Dans une abbaye, galerie couverte, à quatre côtés, entourant un jardin et servant à la promenade des religieux.

Cloître de l’ancienne abbaye de Fontenay

Le premier ordre 

Pendant le Moyen-Âge, tout le monde pratique sa religion, tout le monde croit. Il y a ceux qui pratiquent leur religion en ayant une famille et un métier, les laïcs, et ceux qui vont consacrer leur vie à leur religion, les clercs, les membres du clergé.

Depuis la féodalité jusqu’à la fin de l’Ancien Régime en 1789, la société française se répartit en trois ordres : le clergé, la noblesse, le tiers état (les paysans, les artisans, les bourgeois).

Dans le premier des ordres, on distingue :

— Le clergé séculier (uniquement des hommes), qui vit dans le « siècle » c’est-à-dire dans la société. Les évêques, successeurs des apôtres, sont à la tête d’un diocèse (plus d’une centaine au XVIII^e siècle), mais ceux issus des familles aristocratiques vivent à la Cour. Chaque village forme une paroisse avec un curé et des prêtres issus du tiers état.

— Le clergé régulier (hommes et femmes), qui vit retiré de la société en suivant une « règle », le plus souvent celle de saint Benoît (VI^e siècle). Les moines et les moniales prient et travaillent (ora et labora) dans des abbayes situées hors des villes. À leur tête, un abbé ou une abbesse qui sont élus par leur communauté (le chapitre) ou nommés par le roi lorsqu’ils sont issus de la haute aristocratie, voire de la famille royale.