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Le Bloc-notes : « Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage … »

“Il faut toujours dire ce que l’on voit. Surtout il faut toujours, ce qui est plus difficile, voir ce que l’on voit.”
Charles Péguy – Notre jeunesse (1910)



Le Parthénon en restauration sur l’acropole d’Athènes


L’architecture grecque, et tout particulièrement le Parthénon, est à la source d’inspiration de l’architecture monumentale européenne de la Renaissance au XIXe siècle.



« Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage … »


Ainsi commence un célèbre poème écrit par Joachim du Bellay (prononcer “Jo-a-chin” comme le grand-père de Jésus ou le maréchal de Napoléon, Joachim Murat, et non “Yo-a-kime” !) qui était un poète français du XVIe siècle. Du Bellay, qui revenait d’un séjour à Rome, faisait référence à l’Odyssée. À dire vrai, l’épopée d’Ulysse n’est pas ce que l’on appelle un beau voyage : dix ans à être contrarié dans son désir de rentrer chez lui ! En fait, dans ce sonnet, le poète exprimait sa déception de la ville éternelle et son mal du pays.


Pendant ces vacances de février, une cinquantaine d’élèves du CM2 à la quatrième de l’enseignement catholique de Seine-Saint-Denis ont pu faire un beau voyage en découvrant la Grèce. Comme du Bellay, tous étaient heureux de revenir chez eux, mais à sa différence, ils n’ont pas caché leur enthousiasme devant les paysages et les monuments grecs.


Pourquoi la Grèce ? Que peut apporter à nos élèves la connaissance d’une civilisation qui était à son apogée il y a 2.500 ans ?


Une première réponse se trouve dans l’actualité. Ce voyage de cinq jours était organisé à l’initiative de monseigneur Delannoy, évêque de Seine-Saint-Denis, qui a lancé dans son diocèse une année « Sport et Foi » à l’occasion des prochains Jeux olympiques. Le rapprochement entre religion et sport peut paraître surprenant aujourd’hui. Il allait de soi dans l’Antiquité où les dieux étaient omniprésents. Que ce soit à Épidaure, à Olympie ou à Delphes qu’ont pu découvrir les élèves, les compétitions sportives avaient lieu dans des sanctuaires au milieu de temples, mais aussi de théâtres où l’on jouait des tragédies mêlant mythes et vie quotidienne. C’est d’ailleurs sur le temple d’Apollon à Delphes qu’était gravée la maxime « Connais-toi toi-même », le sport étant une des manières de connaître ses limites en voulant les dépasser.


La seconde réponse est la découverte, à l’occasion de la visite de l’acropole d’Athènes et de son musée, de l’origine de la démocratie au Ve siècle avant Jésus-Christ. Le philosophe Aristote classera les régimes politiques en insistant sur la recherche du bien commun (se reporter au cours de CHR). L’helléniste Jacqueline de Romilly soulignait, dans un enregistrement facilement accessible sur internet, L’actualité des études grecques, combien nos préoccupations en politique sont souvent les mêmes qu’au siècle de Périclès. Elle rappelait qu’une des conditions essentielles de la démocratie (en particulier la liberté et l’égalité que viennent d’étudier mes quatrièmes) était le respect de la loi qui était discutée lors de débats avant d’être votée à la majorité. Elle citait à l’appui cet extrait d’une tragédie d’Euripide Les Suppliantes, que j’ai mis en épigraphe de mon cours : « Sous l’empire des lois écrites, pauvres et riches ont mêmes droits. Quant à la liberté, elle est dans ses paroles : qui veut, qui peut, donner un avis sage à sa patrie alors, à son gré, chacun peut briller ou se taire. Peut-on imaginer une plus belle égalité ? ».


Comme dit l’adage, les voyages forment la jeunesse.


M. de Fraguier

Aubervilliers, février 2024







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